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    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

     

          Le dernier opus du Batman de Christopher Nolan : The Dark Knight Rises est enfin sorti ! Ayant attendu quatre jours entiers pour pouvoir savourer l'histoire de mon personnage de comic préféré, j'avais placé de grandes attentes dans ce film, et sincèrement je n'ai pas été déçu ! Il y a certes quelques maladresses dans le scénario mais Nolan reste dans l'esprit des précédents opus : montrer l'aspect humain de Batman. Avec cette question en toile de fond : le super-héros peut-il douter ?

             Alors soyons francs, pour une fan de Batman telle que moi, les films de ce réalisateur ne sont pas de vrai Batman. Je m'explique : Batman pour moi est manichéen, il ne transige pas avec le crime, c'est un personnage caricatural, entouré de personnages tout aussi caricaturaux, aux histoires glauques tels le Pingouin ou le Joker, Bruce Wayne quant à lui est un milliardaire prétentieux et insupportable entouré de belles plantes. Enfin Catwoman, héroïne déjantée devant laquelle toutes les petites filles, est une vraie criminelle, sans foi ni loi. 

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

             Du coup j'ai toujours adoré les versions de Tim Burton, sa vision ultra noire, fantastique et totalement irréaliste. Au final Batman était relégué au second plan, il n'était présent que pour mettre en valeur la folie des super méchants, et je pense que je ne suis pas la seule mais souvent dans les comics on aime plus les méchants que les héros ! D'où d'ailleurs l'engouement pour les anti-héros actuellement. Bref Michelle Pfieffer faisait la catwoman la plus folle de tous les temps, mais à mon sens elle était tout à fait dans le rôle, Danny deVito dans le rôle du pingouin me donner froid dans le dos, et le jeu de Jack Nicholson dans le rôle du Joker se passe de mots ... Alors certes, beaucoup de fans on critiqué Tim Burton ( allant jusqu'à lui envoyer des lettres de menaces ) car il ne sais quasiment pas intéressé à Batman, mais c'est Tim Burton, comment en aurait-il pu être autrement ? Les personnages étranges c'est son credo, c'est ce qu'il fait de mieux, et s'il avait adopté une autre ligne conductrice le film aurait sûrement été décevant. Au final, et c'est un avis tout personnel, Tim Burton a compris tout l'esprit de Batman, regarder un Batman, ou lire un Batman, c'est se plonger dans un autre univers comme un comte, il n'y pas vraiment de repère de temps et de lieu et c'est ce qui nous permet d'adapter la morale à notre propre ressenti. C'est aussi une occasion inconsciente de vivre quelque chose de fort sans faire des cauchemars pendant des semaines, car au final personne ne croit que l'histoire de Batman s'appliquera un jour à la vie réelle ... Alors qu'un thriller avec ou sans mort est bien plus angoissant. Pour un enfant ( ou même un adulte ) Batman est autant un conte que ceux de Grimm, une histoire fabuleuse avec une morale, mais qui ne nous terrorise jamais. ( voir La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim ).

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

          Pour en revenir à notre sujet, c'est un tout autre type de Batman que propose Christopher Nolan, un Batman humain et au début de la saga c'est ce qui m'a rebuté, mes certitudes sur le héros étant bien ancré ! Cependant je dois bien reconnaître que le réalisateur a réussi à créer un tout nouveau personnage empli d'humanité, délivrant une véritable réflexion sur le devoir d'obéissance.

     

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

           Dans The Dark Knight Heath Ledger crevé littéralement l'écran, sa mort prématurée ayant encore ajouté au mythe, mais par la même occasion il éclipsait totalement le jeu subtil de Christian Bale, qui retrouve du coup dans ce nouveau volet toute sa place.

                 

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

     

            On avait donc laissé Batman à l'état de fugitif, ayant endossé tous les crimes de Harvey Dent (Aaron Eckhart ) afin de faire enfin de sa ville un endroit nettoyer du crime. Cependant la paix peut-elle reposer sur un mensonge ? Lorsque Gotham est de nouveau menacé, le chevalier noir tente de remonter en selle, mais après la mort de Rachel ( Maggie Gyllenhall ) plus aucune flamme ne l'habite, le corps complètement détruit et l'âme emplie de doutes, peut-on encore considérer que Bruce Wayne est Batman ? Batman va-t-il pouvoir renaître ?

         

               C'est donc une version très humaine du super héros que développe le réalisateur, et si les deux premiers films m'avaient bien accroché, celui-là m'a conquis, surement à cause du fil conducteur qui nous pose au final cette question : faut-il suivre la loi ou la justice ? Faut-il toujours obéir ? L'histoire contemporaine, nous a prouvé que le devoir d'obéissance pouvait être dangereux. Une loi édictée par un régime immoral doit elle être suivie ? Que se passera-t-il lorsque ce régime sera détruit ? Il est sûrement tant de tirer des leçons des erreurs du passé. Personnellement le lien s'est directement fait avec la Shoah ! Bon alors le lien Batman/atrocités de la seconde guerre mondiale est peut-être tiré par les cheveux, mais je ne sais pas ça a tilté ( SPOILER ) lorsque les flics de l'autre côté du pont ont refusé de laisser passer un car de gamins juste pour obéir aux autres. Au final c'est bien ce qui s'est passé, obéir toujours et encore, par peur de la sanction, par peur de l'inconnu. Mais jusqu'au doit-on obéir au juste ? Dans le film quoiqu'il arrive la bombe explosera, mais sous la menace tout le monde obéit, tout le monde se planque. Les flics de l'autre côté du pont décide donc de laisser mourir des milliers de personnes juste par peur. De même que les soldats français ont eu un devoir d'obéissance si fort qu'il a fait dire à Michel Foucault que l'armée est une " société disciplinaire " allant jusqu'à la comparer au système pénitenciaire. Ce n'est d'ailleurs qu'au lendemain du procès de Nuremberg que fut remis en cause ce devoir d'obéissance, empêchant ainsi les grands criminels nazis de se dépénaliser. Cela fut également appliqué en France lors du procès de Maurice Papon, car n'oublions pas que les français du côté des lois ignobles n'ont pas été les derniers sous le régime de Vichy. En 1972 après la guerre d'Algérie le militaire a enfin le devoir de désobéir à un ordre illégal ce qui est rappelé en ces termes en décembre 2005 dans un bulletin des armées fraçaises : " le subordonné doit refuser d'exécuter un ordre prescrivant d'accomplir un acte manifestement illégal ". Or faire entrer en vigueur des lois immorales n'en fait  ( sur le moment du moins ) pas des lois illégales , elles ne sont appellées ainsi que rétroactivement car la loi et la morale sont bien différentes, et la première n'obéit pas forcément ( rarement ? ) à la première. La loi n'est donc que le reflet d'une société, et la morale une norme suprême. Or c'est bien ce que rappelle Batman ( mais oui mais oui ! ), enfin plus exactement le beau Joseph Gordon-Levitt qui choisit son camp à la fin.

             De plus, je suis sûrement très bon public, mais j'adore lorsque le film développe le passé des personnages et surtout des méchants, en cela j'ai été comblée, les flash-back étaient au rendez-vous, les histoires ressemblées aux comtes des mille et une nuits et apportaient aussi des révélations sur les deux premier opus.

     

     

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

               Bon après il est vrai qu'il y a quelques maladresses dans la mise en place du scénario : ( Attention à partir d'ici je Spoile toute l'histoire ! ). On devine assez vite que le bel inspecteur Blake est Robin, que Catwoman fini avec Batman (même si on a tous un jour fantasmé sur ce couple ), que Batman ne meurt pas à la fin ( dommage d'ailleurs ) et que Bane n'est pas le plus méchant dans tout ce micmac ! La batmobile quant à elle est une vraie arme de destruction massive perdant beaucoup ( voir toute ) de finesse, et on ne parle même pas de la moto .... C'est peut-être ce qui m'a le plus déplu : le décor ultra-moderne !

     

    L'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

     

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                    Mais dans l'ensemble ça marche bien. Je pense que c'est vraiment l'idée sous-jacente qui court sur les trois volets qui sauve tout : l'humanité et la moralité du super-héros.


                   Quant au casting : on a jamais vu un acteur ressemblé autant au commissaire Gordon du dessin animé des 90's que Gary Oldman, acteur que je trouve par ailleurs excellent. Christian Bale est un Batman époustouflant, il transmet dans les traits de son visage tous les doutes d'un homme ravagé par la vie, il a un jeu d'acteur subtil et s'adapte donc très bien à l'esprit de ce nouveau personnage. Michael Kane est un très bon Alfred, bien que peut-être trop peu guindé à mon goût, ou alors il lui manque un petit accent, et Morgan Freeman, et bien c'est Morgan Freeman ( a-t-il déjà été mauvais dans un film ? ) !  Quant au casting féminin j'étais beaucoup plus sceptique Marion Cotillard qui est pourtant une excellente actrice ne m'a pas convaincu, niaise pendant tout le film et sa mort ... absolument ridicule. Et Anne Hattaway ! Elle devait me faire oublier Michelle Pfieffer ( et me faire oublier son rôle dans le Diable s'habille en Prada ) , vaste entreprise. Au début j'ai détesté, une jolie fille bien roulée dans un robe de soirée c'est loin de l'image de la catwoman que j'aime ... Son costume ? plutôt un clin d'oeil qu'autre chose, et oui deux petites oreilles de chats sur une robe noire ne font pas une catwoman.  Et surtout la chatte voleuse qui devient un gentil chaton, retrouvant le droit chemin et tombant amoureuse du super héros dans le style : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... je trouve ça vraiment trop facile. Cependant même si ce type de Catwoman ne me plaît pas, et après avoir oublié toutes images pré-conçues sur la super-méchante la plus féline du monde, j'avoue qu'Anne Hattaway se révèle être une très bonne actrice.

     

           Au final si ce Batman est loin de l'esprit d'origine du comics, Nolan signe un film d'action intelligent ( ce qui est rare ), bref le blockbusters à ne surtout pas manquer cet été !!!

     

     

     

    Pour rester dans l'esprit  :

     

    Une BD : Arkham Asylum

    - Scénario : Grant MorrisonL'apogée de la saga Batman : The dark Knight rises

    - Dessin : Dave McKean

    Pour l'histoire glauque et les doutes de Batman, vous ne trouverez pas mieux que cette b.d., une b.d. moderne ou les dessins ne sont pas cloisonnés dans de petits rectangles, mais où ils prennent toute leur dimension terrifiante !

    L'histoire : Une prise d'otages dans le célèbre Asile où les fous avec à leur tête le Joker ont pris le pouvoir. Le Joker pour délivrer le personnel soignant n'a qu'une exigence : que son ennemi de toujours vienne passer un séjour à leur côté. Mais si Batman était lui aussi fou ? Comme dans le film de Nolan, on retrouve un héros qui doute, mais ici pas de ses capacités à combattre le mal, mais de ses capacités psychiques. 

    Cette b.d. est une véritable entrée dans le cerveau de Batman. Il est également merveilleux de découvrir à travers son journal intime, la vie du fondateur d'Arkham. Ici on évite tout combat entre le bien et le mal, les limites entre le bien et le mal n'existe plus vraiment, oubliez donc les scènes de combats physiques et préparez vous à vous torturez l'esprit. 

    Quant au dessin, il me semble juste sublime, comme pour Le Dernier des Mohicans de Cromwell, les planches sont des chefs-d'oeuvre ! Il y a juste la typographie utilisé pour le Joker qui est difficilement lisible et m'a totalement empêché de le lire en anglais, .car j'ai déjà eu beaucoup de mal en français.

     

     Une musique : la bande originale de The Dark Knight Rises de Hans Zimmer et James Newton Howard.

    L'apogée de la saga Batman : The Dark Knight rises

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une pièce de théâtre : Antigone de Sophocle.

    Histoire bien connue : le roi Créon empêche Antigone d'enterrer son frère Polynice tué par son autre frère Etéocle. Antigone décide alors de passer au dessus de l'interdiction royale pour enterrer son frère et ainsi répondre au loi des dieux.

    Une vraie leçon de droit : la morale (ici loi divine ) se trouve-t-elle au dessus de la loi royale ? Antigone tout comme l'inspecteur Blake décide de suivre le chemin compliqué de la justice.

     

    L'apogée de la saga Batman : The Dark Knight rises

    ( Benjamin Constant, Antigone au chevet de Polynice, 2e moitié XIXe, Toulouse : musée des Augustins. )


     

     


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